Libye : La fin d’une époque
Le régime de Mouammar Kadhafi vit ses derniers soubresauts. On ne sait au moment où nous écrivons cet article, pour combien de temps, l’ancien « guide » Libyen pourra résister aux assauts de ses adversaires et des forces aériennes de l’Alliance atlantique. On annonce que deux de ses enfants seraient détenus par les forces rebelles. Et les manifestations retransmises par les télés du monde entier montrent des scènes de joie dans l’antre même du « loup » libyen, la fameuse place centrale de Tripoli, où se réunissaient généralement les partisans du régime.
Le départ annoncé de Kadhafi signe la fin d’une époque. Celle d’un nationalisme arabe qui avait fait recette et inspirer des jeunes militants du monde entier. Le bouillant colonel a longtemps fait figure de grand résistant d’un certain Tiers-monde fatigué de ramasser les miettes tombées du Nord développé.
Il avait même su profiter de la manne pétrolière pour hisser son pays dans la cour des grands de la région avec le produit national brut le plus élevé d’ Afrique et du monde arabe. Environ 86% des libyens savent lire et écrire. Et le pays constitué de moult tribus a connu en 42 ans, une stabilité certaine.
Le leader libyen s’est voulu un temps l’héritier du leader égyptien Gamal Abdel Nasser et le porte-parole auto-proclamé des « Etats-Unis d’ Afrique ». Mais le guide libyen est sans nul doute un dictateur qui a fait son temps. Un homme qui a dirigé la Libye d’une main de fer et qui a « touché » à l’argent sale finançant le terrorisme, au nom de la victoire à tout prix contre les « forces du mal ».
Il faut reconnaitre que la sacro-sainte unité des tribus autour de la poigne de fer de Kadhafi ne tenait plus qu’au bout du fusil. Le charme du bédouin magnifique est rompu au profit de l’image moins reluisante d’un « Ubu des sables ». Les dernières images du chef de l’Etat libyen étaient on ne peut plus pathétiques et ces ultimes bravades n’en étaient que plus meurtrières.
Mais il reste tout de même quelques lourdes incertitudes qui planent sur l’après Kadhafi. Les rivalités entre tribus et clans peuvent éclater au grand jour, une fois défait l’ennemi commun. Le Conseil National de la Résistance n’a pas légitimité sur l’ensemble des tribus.
Il y a donc à construire en urgence une unité nationale, à éviter toute vengeance sommaire, à construire des institutions qui n’ont jamais vraiment existé. Tout un vide à combler dans une société « fossilisée » et emmuré dans une « révolution » ne dépassant plus depuis quelques années les frontières du clan des kadhafa.
Roody Edmé