UN FESTIVAL PROMETTEUR
Un des plus grands défis de 2007 et pas des
moindres serait la tenue à la fin de l’année de la rencontre littéraire :
« Etonnants voyageurs ». Une initiative qui aurait le bonheur
d’attirer sur notre pays des regards autres que de compassion. Une activité d’autant
plus régénératrice qu’elle participerait d’un retour d’Haiti sur la carte
culturelle et mondaine de la région et même du monde.
Quant on songe que notre pays tient la tête encore
hors de l’eau grâce à l’art et à la littérature, nous pourrions utiliser cet
« avantage comparatif » pour relancer les autres secteurs vitaux de
notre société. Ce serait certes une opportunité pour un débat autour des
questions littéraires et artistiques mais aussi et surtout une interface
multisectorielle pour un début de dialogue national sur des dossiers moins
litigieux et porteurs d’espoir.
Imaginons un instant l’impact de cet évènement sur
la vie académique et sociale dans nos villes, les conférences et autres
colloques préparatoires qui ne manqueront pas d’allumer le flambeau de
l’animation culturelle et artistique. Et puis, si le secteur privé s’embarque
comme nous l’espérons, Haïti deviendra un carrefour international qui ne
manquera pas d’attirer d’autres affiches de ce genre et encourager le retour
des investisseurs dans une des plus « belles » destinations touristiques
aujourd’hui parasitée. Il fut un temps ou nos hôtels étaient fréquentés par des
célébrités du spectacle comme Richard Burton ou de la littérature comme Graham
Green. C’était l’âge d’or de notre tourisme, dans le sillage de l’exposition du
bicentenaire. Port-au-Prince était une des plus belles villes de la caraïbe et
les années 50, nos années folles. Beaucoup de sang et d’eau ont coulé sous les
ponts et nous sommes devenus après de longues années de braise, une
« carte marquée » du sceau de l’infamie. Angelina Joli et Bratt Pitt
nous ont récemment rendu visite dans un effort volontariste et humanitaire et
celà fit beaucoup de bien aux haitiens. Mais nous pouvons et nous devons offrir
mieux, comme au bon vieux temps ou Célia Cruz et autres vedettes de la chanson
venaient faire leur petit tour dans une capitale encore potable et capable de
réunir le gotha du show Biz et pas précisément à des fins humanitaires. Commençons
donc par la culture, je suis heureux d’apprendre que le Ministère concerné
trouve dans le projet le plus grand intérêt. L’Etat est un partenaire stratégique dans toute opération
« promo » de Haïti « terre de soleil ». J’ai eu par
ailleurs, avec quelques amis, le plaisir d’en parler avec un entrepreneur qui y
croit, ce à la faveur d’une visite sur
un site d’avenir qui pourrait bien abriter un colloque de cette envergure, son
enthousiasme est on ne peut plus contagieux. Une association composée de
personnalités connues dans le milieu est déjà la cheville ouvrière de ce projet
qui ouvre bien des perpectives au monde des lettres et à la société haitienne à
qui on fait l’injustice de l’identifier à la barbarie qu’elle subit. Il est bon
pour une nation d’avoir un agenda de projets capables de mobiliser les ressources
d’ici et de la diaspora, des « utopies mobilisatrices » qui dans leur
effet multiplicateur d’énergies locales et internationales l’emporteraient sur
une image négative, têtue, de « tè glise » et de « République
exterminatrice ».
Roody Edmé