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AILLEURS VU D'ICI (depuis Haïti)
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  • Un blog d'analyse de l'actualité en Haiti et à l'étranger - des sujets en rapport avec l'Afrique seront aussi abordés. Certains textes ayant rapport avec les littératures du monde seront aussi traités.
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8 septembre 2007

DE LA RESPONSABILITÉ DES NATIONS UNIES


Global Voices en Français

En 1998, une journaliste Kosovare écrivait ceci à propos de l’indépendance possible de son pays : « Imaginons maintenant que nous sommes déjà indépendants : que ferions-nous des quatre premiers mois ? Pendant les 120 premiers jours, nous allons peut-être définir les contours de notre société pour les 120 ans qui suivront. Ce sera la répétition générale d’une pièce dont j’espère que ce ne sera ni une tragédie ni une comédie…le vaisseau de ce nouvel Etat va-t-il aller droit à la tempête, tandis que nous nous battons autour du gouvernail, ou saurions-nous évaluer d’où vient le vent afin de choisir le meilleur cap ? »

Cette sage interrogation m’a amené à méditer, une fois de plus, sur les défis qui attendent les peuples et les nations après leur émancipation. Le film de Raoul Peck consacré à Lumumba montre la joyeuse insouciance des élites congolaises au moment de l’indépendance alors que se documentaient dans des cabinets secrets un complot permanent contre la jeune nation, et que des fils du « Congo libre » se préparaient eux aussi à se livrer au dépeçage de la nouvelle République.

L’histoire tragique de notre pays ne fait que rendre plus dramatique cette question de la responsabilité des peuples face à leur destin. Deux cent ans d’instabilité ponctués de rares éclaircies n’ont fait que ruiner et avilir les prétentions affichées par le Nouvel Etat d’Haïti. Une lecture de la presse quotidienne du début du siècle montre comment notre société se laissait glisser bien fatalement dans le gouffre de l’occupation. Pourtant, les avertissements n’ont pas manqué et les bruits de bottes étrangères ont été assourdis par les pétarades incessantes de nos propres carabines.

De l’explosion mystérieuse du palais national sous Cincinnatus Leconte, à la fusillade spectaculaire de Coicou et de ses compagnons par une ces nombreuses « nuits voraces » qui nous sont coutumières ; sans oublier le terrible massacre de la prison sous le commandement de Charles Oscar ; la coupe de sang était assez pleine et la dérive assez provocante pour justifier une intervention des donneurs d’ordre du continent.

 La vérité c’est  que l’absence, de projet national de société, a débouché sur une implosion permanente de l’espace haïtien, saisi tout au cours du 19e siècle par des querelles hégémoniques régionales à travers de sanglantes batailles pour la « conquête de l’Ouest », centre convoité du pouvoir d’Etat. Et chaque « révolution » en appelait à ses levées de fonds pour dédommager les révolutionnaires. L’effort économique national s’est dispersé en réparations pour des victimes réelles et supposées de nos jeux de massacres, au lieu d’investissements dans les infrastructures devant servir de squelette à la nouvelle nation.

La deuxième moitié du 20e siècle a vu l’écroulement des utopies populiste et élitiste dans un pays de plus en plus exsangue. Un nouveau réalisme nous porte à observer que la mise en place de la démocratie n’est pas chose aisée dans un société souffrant de « pathologie convulsive » et d’anarchie institutionnelle. On continue peu ou prou à se battre autour du gouvernail, gare à la direction du navire. Ce que nous devons savoir, c’est que les institutions les plus démocratiques dans leur essence peuvent être perverties si nous nous laissons aller par atavisme culturel à la personnalisation des conflits et à la multiplication des chapelles n’ayant pour seul crédo que la personne des uns ou des autres. Pourquoi pas une grande cathédrale ou, autour de l’autel de la patrie, commencerait vraiment, tiens, le dialogue national dont on parle de moins en moins.

Les exercices de dialogue et de maîtrise d’ego réalisés par l’exécutif et le législatif, lors de « l’agaçante » crise institutionnelle de la semaine écoulée, sont  à amplifier pour emporter les dernières méfiances dans une société ou la négociation est souvent suspecte. Histoire quand tu nous tiens !

 
Roody Edme

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