Quand Républicains et Démocrates se disputent le rêve américain
La convention républicaine a débuté lundi par un temps chargé de nuages
menaçants. L’ouragan Gustav, qui a fait des dégâts en Haïti et dans la
Caraïbe, préparait une entrée fracassante sur le territoire américain.
Et les rideaux de la convention se levaient à la fois sur la
grand-messe républicaine et sur cet invité plutôt spécial qui menaçait
d’éclipser les principaux orateurs de la soirée.
Mais
la convention a été relancée le jour suivant avec l’intervention par
satellite du président Bush qui mit l’accent sur l’expérience et le
patriotisme du candidat républicain John McCain et celle de Joe
Liberman pariant sur l’expérience du sénateur de l’Arizona.
Pour
l’heure, la stratégie républicaine semble reposer sur un argument qui
ébranle les consciences américaines depuis l’effondrement des tours
jumelles du World Trade Center. À savoir que le sanctuaire que
constituait le territoire américain pourrait être menacé des foudres
terroristes, si ne siège à la Maison Blanche, un « berger » capable de
protéger le « troupeau ».
Les conventions actuelles, qui se
déroulent à deux semaines d’intervalle, interviennent à un moment très
sensible de l’histoire des Etats-Unis. Le rêve américain est agité de
soubresauts économiques et certains économistes reprochent aux
conservateurs la mise à mort du new deal, ce « nouveau contrat social »
qui avait sensiblement réduit les inégalités et fait, des Etats-Unis,
une société de grande classe moyenne.
« À la mer égale de notre
économie répondait un climat politique tempéré et bipartisan »,
commente l’économiste Paul Krugman qui trouvait l’époque de sa jeunesse
assez belle, du moins sur le plan économique, par rapport aux années 90
qui semblèrent, selon lui, ramener le calendrier économique américain
aux années 20.
Sur le plan des relations internationales, le monde
se complique avec l’éveil du dragon chinois et le « ippon » du
président Poutine, pratiquant de judo à ses heures, au président
géorgien, redessinant ainsi la carte du Caucase.
Toute chose qui
vient compliquer la donne internationale et marquer le retour d’une
Russie d’autant plus ambitieuse qu’elle a souffert du complexe de la «
panne » de puissance. Les immenses réserves russes de gaz mettent la
Russie à l’abri des humeurs des fonds spéculatifs et le pays dispose
d’un matelas financier qui lui permet de tenir tête à l’Occident sur le
front géorgien orchestré comme un retour de boomerang à l’indépendance
du Kosovo, salué par Américains et Européens.
La convention
républicaine devait apporter certaines réponses aux Américains sur
l’état des lieux controversé de leur leadership mondial depuis que,
triomphalistes, des néo-conservateurs ont voulu faire cavaliers seuls
sur certaines questions mondiales en surfant sur des conflits
régionaux, convaincus qu’ils sont de la puissance persuasive et
dissuasive de l’Amérique dont les trompettes de Jéricho de la politique
étrangère de Reagan auraient fait tomber le mur de Berlin.
Mais la
convention devra convaincre que le choix de Sarah Palin comme
colistière du candidat McCain n’est pas fantaisiste. Et que cette
femme, dont la fille de 17ans est enceinte et célibataire, peut faire
le poids sur le ticket républicain. Une dame dont l’histoire
personnelle est loin d’être banale et qui s’est montrée, dans les
étendues froides de son Alaska, une redoutable femme politique. On dit
par ailleurs que « de nombreux cadavres » de politiciens retors gisent
sur son passage. Son profil serait donc à mi-chemin de la « soccer mom
» et de la Calamity Jane des westerns américains.
Conservatrice bon
teint, au propre comme au figuré, elle est membre de la National Rifle
Organisation et les humoristes disent qu’elle tire mieux que l’actuel
vice-président qui avait blessé, par accident, un chasseur de ses amis.
La
convention devait se poursuivre jusqu’à ce jeudi et nul doute que le
patriotisme et l’expérience auront été les thèmes privilégiés des
principaux orateurs républicains. Un show pour l’heure plus sobre que
celui de la semaine passée, du moins dans les premières heures.
Roody Edmé