Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
AILLEURS VU D'ICI (depuis Haïti)
AILLEURS VU D'ICI (depuis Haïti)
  • Un blog d'analyse de l'actualité en Haiti et à l'étranger - des sujets en rapport avec l'Afrique seront aussi abordés. Certains textes ayant rapport avec les littératures du monde seront aussi traités.
  • Accueil du blog
  • Créer un blog avec CanalBlog
Derniers commentaires
Archives
18 avril 2008

" LES RAISINS AMERS DE LA COLERE "


Global Voices en Français

La crise s’est envenimée et pour l’heure le pays est un vaste et terrible cri de colère dont la justification n’est nullement contestable. Mais attention, tous les secteurs du pays doivent se montrer à la hauteur d’une situation qui menace de dégénérer en violence généralisée en nous enfonçant dans la logique désespérante du pire.

D’autant que des mots d’ordre habiles et pervers se glissent ici et là dans des interventions dans les médias. Ne dit-on pas souvent que l’enfer est pavé de bonnes intentions. Tout peut se cacher derrière l’écran de fumée des manifestations et « la ville peut flamber avec les prix ». Les attaques ciblées contre les centres du pouvoir constitutionnel et les jets de pierres contre des entreprises de presse ont un air de déjà vu et tous les secteurs responsables doivent appeler à plus de retenue.

Dans les moments de désobéissance civile, la foule excitée peut commettre l’irréparable et s’éloigner des objectifs vitaux qui sont la lutte pour une meilleure qualité de vie qui passe par une incitation à la production nationale. Des attaques contre des dépôts de produits de première nécessité ne peuvent que pénaliser les commerçants honnêtes et faire le jeu de ceux qui traditionnellement profitent du marché noir. Comme quoi, ce sont toujours les mêmes qui gagnent.

Le Gouvernement a annoncé des dépenses pour se colleter à la crise, toujours est-il que le grand défi demeure de dépenser juste et bien. Car, il faut veiller à ce que les fonds d’urgence débloqués ne fassent l’objet de chantages de groupes violents se réclamant des « masses » qui une fois de plus feront leur beurre sur une catastrophe nationale. Dans cet ordre d’idée, Parlement et Exécutif doivent travailler la main dans la main et ne pas se jeter la pierre, car toute déstabilisation de l’ensemble des institutions ne sera nullement profitable au régime politique mis en place par la constitution de 1987, que flamberge au vent, les uns et les autres affirment vouloir protéger.

Beaucoup de pays d’Afrique ont décidé une baisse de la TVA sur les produits de première nécessité, c’est une mesure provisoire qui ferait perdre de l’argent à l’Etat qui ne pourrait pas alors disposé des ressources contre la pauvreté, mais quand la douleur est aigue, ne faut-il pas envisager en urgence des médicaments même contre indiqué à moyen terme.

D’autres gouvernements ont annoncé, l’autosuffisance en riz pour 2009, ici nous avons comme le disait le responsable de notre section économique à régler un problème de timing, L’Etat haïtien est comme un vieux danseur dont le corps n’arrive pas à suivre les intentions de mouvement. Et le temps nous est précieusement compté.

Nous allions faire paraître ce commentaire lorsque les événements ont semblé tourné au chaos. Après vingt quatre heures d’une insoutenable tornade qui a mis à rude épreuve une société depuis longtemps fragile. Les récents événements ont prouvé qu’il y a dans cette société un tel potentiel de violence et de chambardement qu’il faudrait se garder de « jouer avec des allumettes trop près d’un microphone »

Le Président a parlé. Avec sincérité, ce qui peut faire une différence dans une conjoncture à couper au couteau.

Mais il a manqué des dispositions pratiques que nous espérons arriveront dans les prochaines heures. Pourquoi ne pas annoncé des mesures dans le genre de la création « de l’office National du riz » qui soutiendrait nos producteurs et commercialiserait le riz national, tel que proposé par un des principaux chroniqueurs du Nouvelliste. Et d’autres mesures à caractère politique dans le cadre de la concertation en cours...

Claude Moise a parlé avec raison d’une table de concertation, une sorte de task force qui comblerait le vide que ne manquerait pas de s’approprier les spéculateurs de tout poil et les prêcheurs d’apocalypse. Un état d’urgence nationale et internationale qui envisagerait pourquoi pas, une clause provisoire d’urgence à l’accord Petro-caribe au nom de la solidarité entre les peuples s’impose désormais comme une nécessité.

La mise en place d’un observatoire des prix permettrait au public de se rendre compte de ce qui se passe sur le marché international et servirait de « watch dog » pour le public comme pour le privé .Il faut éviter les enchères malhonnêtes qui assimileraient notre économie à une savane pour le galop débridé des prix qui échapperait au contrôle de tous : commerçants et consommateurs.

Pour l’heure, l’Histoire retiendra les leaders qui sauront mobiliser le peuple sans inciter à la destruction de ce qui nous reste comme nation... ceux qui comme les « deux Charles » Baker et Suffra, Noir et Mulâtre, bourgeois et paysan, commerçant et producteur ont appelé sur Radio Métropole, une semaine avant les journées noires des 8 et 9 avril à protéger «  la maison commune ».

L’un a déjà contemplé en moult occasions la ruine de sa classe, l’autre subi depuis deux cents ans le poids de nos échecs, et a vu ses rêves de réforme agraire s’enfoncés  dans les lenteurs pragmatiques du fleuve Artibonite. 

Roody Edmé

Publicité
Commentaires
Publicité
AILLEURS VU D'ICI (depuis Haïti)
Newsletter
Publicité