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AILLEURS VU D'ICI (depuis Haïti)
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  • Un blog d'analyse de l'actualité en Haiti et à l'étranger - des sujets en rapport avec l'Afrique seront aussi abordés. Certains textes ayant rapport avec les littératures du monde seront aussi traités.
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18 avril 2008

" Bonjour et Adieu à Aimé Césaire "


Global Voices en Français

 Aimé Césaire n’est plus ! Un mapou est tombé, comme on dit chez nous. C’est toute une vision de nous-même,  peuples caribéens, qui s’est estompé dans les brumes de la mort de ce prince de la littérature antillaise.

Mais que dis-je ? Aimé Césaire n’est plus physiquement, mais son patrimoine demeure vivant. Cette quête du « nègre fondamental » est la négation des grands récits sur « l’universalité » d’une civilisation unique;  la vision de Césaire a donné un grand coup de balai dans le fatras idéologique accumulé depuis le code noir.

Césaire, c’est l’affirmation d’un soi caribéen, d’une identité nègre à la périphérie de la mère Afrique. Celui qui un jour confia à son ami Senghor « tu vois Léopold, plus nous serons nègres, plus nous serons universels » a tracé les balises de l’émancipation du nègre nouveau. Celui qui assume et accepte l’autre, dans une dialectique qui dépasse toute victimisation.

Le phrasé somptueux de l’auteur du “cahier d’un retour au pays natal” a nourri des générations de poètes et le souffle puissant de sa pensée a traversé tous les continents pour proclamer le caractère engagé mais non dogmatique de la poésie.

Sa parole jaillit et rugit comme d’un  geizer  pour fustiger tous les colonialismes en refusant toutes les formes de récupération ou glaciation fussent-t-elles du matérialisme historique ou du surréalisme.

Il est avec Senghor de ceux qui revendiquent une certaine France, celle de Lautréamont, de Rimbaud, de Mallarmé mais croise le fer avec l’autre France , celle de l’exposition coloniale.

Le poète philosophe abhorre les clichés et affirme : « qu’il ne suffit pas d’être antillais pour qu’un autre antillais vous aime » et reconnaît les échecs d’une certaine Afrique. Mais son « mal d’Afrique » n’est pas de l’Afro-pessimisme et, il croit dans l’Histoire qui bâtit les possibles.

Césaire et ses amis Senghor, René Ménil et Goutran Damas ont cherché dans leurs racines africaines pour extirper comme un diamant lumineux et éternel, la beauté irradiante d’une civilisation nègre enfouie dans les régions enténébrées d’une histoire faite par et pour les colons. Certains de ses jeunes disciples en Martinique n’ont pas résisté à la tentation freudienne de « tuer le père » au moment même ou le député-maire de Fort-de-France se faisait l’avocat de la départementalisation. Césaire a su tout de même  accepter l’idée que l’hisoire est faite de dépassement, lui qui s’est toujours méfié de la pensée unique.

Loin de tout essentialisme, l’héritage de Césaire s’inscrit dans un dynamisme. Le soi personnel n’est pas un point de départ, il constitue un aboutissement. On n’est pas soi-même, on le devient... et cette évolution implique que l’on grandisse, que l’on accomplisse sur l’état précédent un travail de négation au moins partielle.

Celui qui dans « Moi Lamenaire » disait habiter une « blessure sacrée » nous a quitté en la laissant encore béante; mais au moins nous a transmis par ses gênes litteraires un «  instinct » positif de l’Histoire.

Roody Edmé



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