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AILLEURS VU D'ICI (depuis Haïti)
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  • Un blog d'analyse de l'actualité en Haiti et à l'étranger - des sujets en rapport avec l'Afrique seront aussi abordés. Certains textes ayant rapport avec les littératures du monde seront aussi traités.
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24 décembre 2008

L’ombre de 68 ?


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Les feux de la contestation étudiante ont fait des ravages dans le centre d’Athènes, la capitale de la Grèce. Le sang d’un jeune de seize ans abattu par la police a fait germer les fruits amers de la colère étudiante qui ont transformé le centre de la capitale grecque en zone de conflits. Une semaine lourde de manifestations et un terrible bilan sur le plan de la destruction des biens, tandis que la police s’efforçait de ne pas commettre d’autres bavures sanglantes qui ne manqueraient pas de plonger le pays dans une totale anarchie.

La mort du petit Alexis a été la goutte de sang qui a fait déborder le vase trop rempli d’une jeunesse en mal d’avenir. Celle d’une génération surdiplômée, mais vouée à l’emploi précaire et qui se retrouve sans boussole dans une société grecque en plein dans l’œil du cyclone de la récession qui balaie la planète.

Les barricades d’Athènes sont en fait l’avant-garde d’un soulèvement dont le magma incandescent bout depuis quelque temps contre le gouvernement conservateur de Caramanlis et son parti la Nouvelle démocratie. Un gouvernement dont les mesures concernant le rétrécissement du budget alloué à l’éducation et le manque d’opportunités pour les générations montantes ont été mal vécues par les groupes de jeunes organisés au sein du vaste mouvement anarchiste grec.

La crise politique, les scandales financiers sont autant de chiffons rouges qui excitent un « taureau » que les partis politiques et les syndicats ont du mal à saisir par les cornes. La récupération du mouvement étudiant s’avère bien difficile en raison de l’impuissance des structures politiques traditionnelles à donner une forme politique institutionnelle à ce qui s’apparente à une amère montée de bile.

La « foule délinquante », selon le titre d’un essai du 19e siècle italien, qui a rasé 335 magasins, n’est pourtant pas d’origine plébéienne ; qu’est-ce qui explique qu’elle soit autant fascinée par le vide et la violence pure et dure et contagieuse qu’on attribue trop souvent aux « partageux » ? C’est sûrement le fruit d’un malaise qui a une explication économique, mais plus subtilement doit participer d’une pathologie des sociétés malades de la crise du lien social et où les valeurs de solidarité fondent comme beurre au soleil.

Des slogans comme « État assassin » rappellent aux moins jeunes la révolte des étudiants de l’École polytechnique en 1973 écrasée par les tanks du général Papodopulos qui ne put malgré tout conserver le pouvoir ; et la crise d’alors se propagea dans tout le Péloponnèse jusqu’à l’Ile de Chypre, pomme de discorde d’avec les Turcs. Ce fut la guerre entre deux alliés américains d’une Méditerranée mer de toutes les passions.

Le miracle économique qui s’est transformé en mirage sous les effets aveuglants de la crise mondiale est pour l’heure la cause la plus apparente de cette nouvelle tragédie grecque.

Toujours est-il que comme les incendies ravageurs de 2007 qui menaçaient de franchir les limites du mont Palatin, les opinions publiques européennes craignent désormais le syndrome grec.
Comme quoi nous serions au début d’un nouveau cycle quarante ans après une certaine année 1968.


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